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ÉTATS GÉNÉRAUX

Les ÉTATS GÉNÉRAUX du développement se sont déroulés le 28 novembre 2016 à l’Assemblée nationale, et ont rassemblé 100 personnalités issues des Industries Culturelles et Créatives qui ont débattu et réfléchi collectivement aux besoins et défis du secteur.

3 objectifs :

1) Construire des stratégies durables au profit du développement pour la Création
2) Promouvoir la diversité de l’entrepreneuriat culturel
3) Fédérer autour d’une ambition politique culturelle renouvelée

« Pour commencer à taxer les autres, il faut se taxer soi-même »

 

« Avant d’être à la SACD, j’ai fait toute ma carrière dans les organisations professionnelles du cinéma. Nous avions un établissement public, le CNC, intégralement financé par les salles. La diffusion a été taxée au profit de la création. Mais par la suite, grâce au soutien du CNC, le parc de salles français s’est numérisé en un an.

 

C’est Jack Lang en 1985 qui a eu l’idée de taxer les télévisions à 5,5%. Cette taxe, déterminante pour l’évolution du Centre National de la Cinématographie, a été décidée et maintenue de façon consensuelle entre la gauche et la droite. Une décision d’autant plus importante que quelques années plus tard, la fréquentation des salles de cinéma chutait à son plus bas niveau historique. Si le CNC avait continué à dépendre exclusivement de la taxe sur les salles, il s’en serait retrouvé exsangue.

 

La démarche s’est poursuivie avec la taxation des DVD, des fournisseurs d’accès internet (en tant que distributeurs de programmes audiovisuels), des services de vidéo à la demande… Depuis deux ans nous attendons l’accord de Bruxelles pour taxer les services de vidéo à la demande par abonnement, localisés à l’étranger.

 

Ce qui suscite actuellement beaucoup d’émotion, c’est la taxation de la publicité de l’opérateur YouTube. Il est tout à fait normal que pour la partie audiovisuelle de sa diffusion, YouTube paye une taxe de 2%, ce qui laisse de la marge de manœuvre à la musique pour appliquer elle-même sa propre taxe. Si elle est astucieuse, elle pourrait s’octroyer la différence entre 2 et 5,5%.

 

Autre point primordial : le CNC est un lieu de rassemblement. Il y a autant de querelles dans le milieu du cinéma que dans le milieu de la musique, peut-être même plus ! Mais au final, nous sommes tous autour de la table.

 

Ce qui m’a frappé lorsque je suis passé du CNC à La SACD, c’est que tout ce dont nous bénéficiions dans le cinéma, n’existait pas dans le spectacle vivant, alors que les enjeux sont les mêmes !

 

Il est essentiel de créer un sentiment d’appartenance à une communauté. Prenons l’exemple du théâtre. Il y a deux mondes : Le théâtre privé parisien, qui a d’ailleurs son compte de soutien, et le théâtre public. Entre les deux, de hautes barrières. Des difficultés à communiquer. Le théâtre s’articule autour d’un pôle de Direction Générale de la Création Artistique (DGCA) - qui a œuvré à une certaine période pour que le Centre de la Musique n’existe pas. Il y a deux pôles syndicaux. Eux, ne voient pas d’un très bon œil une organisation sur le modèle du CNC.

Ils dénoncent une privatisation du spectacle vivant.

Privatiser des entreprises qui, par définition, ne sont pas rentables sans leurs dotations publiques ? Je n’y crois pas.

 

Ce qu’il faut, c’est développer de nouvelles ressources. Etranglées entre la baisse de leurs dotations budgétaires et les nouvelles dépenses qu’on leur a imputées, les collectivités territoriales réduisent leur contribution au spectacle vivant et cela s’en ressent sur l’accueil des spectacles, sur la création. Trouvons également des fonds nouveaux pour financer la diffusion, car les auteurs dépendent économiquement de la diffusion de leurs pièces.

 

Pour en revenir à la musique, on ne peut pas dissocier la musique enregistrée du spectacle vivant. La source de financement potentielle du spectacle vivant musical, c’est l’enregistrement.

Si la musique enregistrée avait de façon symbolique, taxé les CD à l’époque où ils se vendaient bien pour créer un établissement public ? Au moment où l’industrie des CD s’est effondrée sous le coup de la piraterie, il aurait fallu trouver des contreparties. Et naturellement les contreparties auraient été du côté des fournisseurs d’accès à internet et des opérateurs téléphoniques, responsable d’une piraterie qui leur permettait de vendre des abonnements.

 

Pour commencer à taxer les autres, il faut se taxer soi-même.

S’il n’y avait pas eu la taxe sur les salles de cinéma, jamais il n’y aurait eu l’idée d’aller créer un établissement grâce aux taxes sur les télévisions.

Il est nécessaire que le spectacle vivant en France trouve des recettes extrabudgétaires.

 

Il faut développer un consensus, une solidarité, il faut que chacun oublie ses intérêts immédiats. Comment expliquer qu’il n’y ait eu aucune mobilisation générale lorsque le plafonnement du CNV a été discuté.

Alors que c’est la négation même d’une politique culturelle ?

 

La démarche du Prodiss est une démarche dynamique, qui fait bouger les choses. L’avenir appartient à ceux qui ont des idées»

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