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ÉTATS GÉNÉRAUX

Les ÉTATS GÉNÉRAUX du développement se sont déroulés le 28 novembre 2016 à l’Assemblée nationale, et ont rassemblé 100 personnalités issues des Industries Culturelles et Créatives qui ont débattu et réfléchi collectivement aux besoins et défis du secteur.

3 objectifs :

1) Construire des stratégies durables au profit du développement pour la Création
2) Promouvoir la diversité de l’entrepreneuriat culturel
3) Fédérer autour d’une ambition politique culturelle renouvelée

« Une maison commune ? J’y vois un atout extraordinaire à condition de tenir compte de nos différences »

 

«  8% des auteurs compositeurs, parmi ceux qui travaillent, peuvent vivre de leur art. Je viens du monde la musique classique, de la musique contemporaine qui fonctionne avec les subventions. Chez nos créateurs il y a une sorte de nostalgie du « trésor national vivant », à la japonaise.

Or je m’interroge : L’artiste doit-il dorénavant s’autoproduire ? J’ai produit mes opéras c’est une folie absolue, je mettrais 20 ans à en rembourser les dettes, mais c’était essentiel pour moi. On ne peut pas demander ça à tout le monde.

 

Nous sommes dans une situation paradoxale : nous reconnaissons tous qu’il est nécessaire de donner aux créateurs, aux interprètes, les moyens de s’exprimer, de montrer leur travail. Dans le même temps on attend d’eux qu’ils initient la boucle. Jusqu’où est-il normal qu’un artiste soit obligé de prendre des risques, des risques financiers personnels pour exister ?

 

Le monde de la musique classique est subventionné à 80% pour son fonctionnement. Sa survie ne dépend pas de sa billetterie. Lorsque vous, entrepreneurs de spectacle privés, perdez 25% de votre public, c’est une telle catastrophe que vous êtes obligés de vous remettre fondamentalement en question.

 

Alors oui je pense foncièrement que les créateurs et les interprètes, ne peuvent plus attendre que la chance croise leur chemin. On le voit bien avec internet. 2 millions de vues sur YouTube vont rapporter 300 euros en droits d’auteur. La vraie force, c’est qu’avec 2 millions de vues, un groupe peut aller voir des majors et les mettre en concurrence de façon à faire monter les enchères.

 

Il est des questions que la filière de la musique dans son ensemble, doit se poser. En mai 68 sur un mur du lycée Buffon était écrit : « De la musique avant toute chose » et en dessous quelqu’un avait ajouté : « et la bouffe alors ? ». À nos préoccupations, on oppose systématiquement la gravité de situations plus importantes. Un producteur de variétés sera considéré comme un commerçant, quand un producteur de cinéma sera vu comme un artiste.

 

Il nous faut redresser le torse et rappeler que tous les partenaires de cette filière sont des passionnés. Pourquoi un certain Pascal N. a-t-il été si respecté, alors qu’il représentait les plus grandes puissances de l’argent dans cette industrie ? Parce qu’il ne parlait que de musique. Soyons cohérent avec nos métiers, nous serons plus audibles.

 

Je comprends l’intérêt d’une maison commune, notamment pour interpeller les pouvoirs publics. J’y vois un atout extraordinaire. Mais nous devons impérativement tenir compte de nos différences de fonctionnement. Un opéra n’a pas les mêmes problématiques que le propriétaire d’une petite salle ou le tourneur d’un grand groupe de  variétés. Nous pouvons avoir des différences d’intérêts fondamentales.

 

La maison commune ne sera un succès que si on lui donne des objectifs et des limites. Il nous faut trouver l’angle d’attaque, le périmètre et avoir le courage d’exclure de ce périmètre certains domaines d’activités.»

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