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ÉTATS GÉNÉRAUX

Les ÉTATS GÉNÉRAUX du développement se sont déroulés le 28 novembre 2016 à l’Assemblée nationale, et ont rassemblé 100 personnalités issues des Industries Culturelles et Créatives qui ont débattu et réfléchi collectivement aux besoins et défis du secteur.

3 objectifs :

1) Construire des stratégies durables au profit du développement pour la Création
2) Promouvoir la diversité de l’entrepreneuriat culturel
3) Fédérer autour d’une ambition politique culturelle renouvelée

Jean-François Marguerin a travaillé avec le PRODISS dans l’objectif qu’une meilleure prise en compte soit effective, par les pouvoirs publics, des réalités de la production de spectacles musicaux et de variétés, et les évolutions qu’elle connaît tandis que la filière musicale est en pleine recomposition. Ses réflexions mettent en évidence des convergences nouvelles d’intérêts entre composantes du spectacle vivant résultant de la concomitance entre crise du financement public de la culture et crise de l’industrie du phonogramme.

Ses constats aboutissent à une proposition opérationnelle forte, la création d’un établissement public fédérateur doté de ressources nouvelles, capable, comme c’est le cas dans le champ du cinéma et de l’image animée, de protéger et d’accroître, par ses interventions sous forme de subventions ou d’avances remboursables, la diversité des propositions artistiques, la vitalité de la création artistique, leur exposition devant des publics renouvelés.

« Le rôle des pouvoirs publics est de se porter garants de la diversité»

 

"La question est celle, essentielle, de la préservation et de l’accroissement de la diversité des esthétiques, des artistes, des genres, des formes. Le rôle des pouvoirs public est de se porter garant de cette diversité. De permettre à l’Art d’advenir en avance, en décalage, en résistance aux tendances du marché, à l’exposition médiatique ou à un goût majoritaire du public. Le premier objectif du Projet de Loi de Finance 2016, s’agissant du programme Création présenté aux députés est : « inciter à l’innovation et à la diversité de la création ».

 

Aujourd’hui l’action publique ne dispose plus de capacités budgétaires suffisantes pour mener son action de régulation. En cause, la volonté de contenir la dépense publique, le respect des critères européens, ou - phénomène récent et plus inquiétant – le désengagement décomplexé d’élus de collectivités territoriales.

 

Lorsque l’on étudie les projets de Loi de Finance des dix dernières années, on constate que globalement, les crédits d’intervention, c’est à dire les crédits mis à disposition du spectacle vivant, ont été constants entre 2006 et 2015. La question de la préservation des moyens a donc bien été assurée. Mais le périmètre de l’existence des besoins lui, n’a fait que progresser. De nouveaux secteurs artistiques ont frappé à la porte : les arts de la rue, les arts du cirque ; le nombre de scènes des musiques actuelles a augmenté… Il y a de plus en plus de solliciteurs autour d’un même gâteau.

 

Par ailleurs, notre modèle de politique artistique et culturelle, est soumis à la règle inéluctable de la progression des coûts. En permanence, les charges de fonctionnement et les dépenses obligatoires, grignotent le disponible artistique. Un grignotage d’ordre structurel mais aussi conjoncturel, comme en témoignent actuellement les frais liés à la sécurité dans les établissements ouverts au public.

 

L’objectif de préservation des moyens ne répond pas à la nécessité des besoins, il faut donc réviser le logiciel.

 

Il en résulte de vives tensions dans les conditions de production des œuvres. Un impact bien réel sur la diversité des artistes et des esthétiques, dès lors que des établissements sont de plus en plus dépendants budgétairement de leurs recettes propres et donc de moins en moins enclins à prendre des risques qui vont à l’encontre du goût majoritaire de leur public.

 

Pour le spectacle vivant musical, la fin du « Tour support » assuré par les producteurs de phonogrammes, la fin de la rémunération des producteurs et des artistes via les droits de diffusion de la musique enregistrée, sont un phénomène immense dont nous n’avons pas encore mesuré l’ensemble des impacts et des effets. Il met le spectacle vivant au cœur de l’économie musicale dite de variété. Les risques sont assumés par le seul producteur, pour qui une prise de risque artistique, égale une prise de risque économique considérablement accrue. Là encore, la diminution de la diversité menace, quand dans le même temps, pour des raisons d’audience, les radios exposent de moins en moins d’artistes différents.

 

Cette bataille pour la diversité, le secteur subventionné et le secteur privé l’ont en commun. Bien évidemment les pouvoirs publics doivent être le garant de ce gain démocratique.

 

Ne nous laissons pas abuser par le « Do It Yourself ». Il y a une fascination, du système court que représente internet, d’une liberté d’expression, d’une facilitation indéniable. Mais la défense des artistes, leur promotion et leur reconnaissance dans l’espace public, ce n’est pas la technologie qui l’assure, c’est votre travail, celui des professionnels qui se battent.

 

Appelons-en à ce que demain, les pouvoirs publics soient en capacité de répondre avec autant d’énergie, autant d’audace, aux défis qui se présentent à nous. Qu’ils remettent au cœur même des priorités des politiques publiques, l’action publique en faveur de la culture."

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